Lise Bonnafous n’a pas eu seulement à lutter contre l’hostilité et les difficultés quotidiennes auxquelles elle s’est heurtée dans l’exercice de son travail. Même après son suicide, elle a été la cible de rumeurs mensongères, de contre-vérités et d’attaques absurdes.
1) Selon le Midi Libre, « L’enseignante aurait fait une dépression, suite au décès de son enfant handicapé l’an dernier, et aurait été convoquée à plusieurs reprises par la direction de l’établissement ». Il s’agit là d’une première erreur, heuresement retirée au bout d’une dizaine d’heures par le site du Midi Libre. Quand il s’agit de choses aussi sensibles, on s’étonne que le journaliste qui les écrit n’ait pas vérifié ses sources auparavant.
2) La bienveillance et la solidarité des êtres humains est sans bornes. Qu’on en juge : « Quatre parents d’élèves interrogés ont raconté qu’elle s’occupait peu des élèves en difficulté, préférant les exclure de son cours pour faire travailler les autres. » Il est évidemment strictement impossible d’interdire des élèves au prétexte qu’ils sont « en difficulté » ! Ce sont d’ailleurs les premiers que tout professeur souhaite « faire travailler ». Il y a sans doute derrière cette phrase la volonté de dissimuler que l’enseignante excluait régulièrement des élèves, non pas à cause de leur faiblesse en maths, mais à cause de leur comportement perturbateur ou impropre au travail (seuls motifs légitimes et réels d’exclusion d’un cours).
3) Les commentaires d’un site d’extrême-droite en ont rajouté dans l’horreur, en se lançant dans des considérations racistes : « Je rappelle que la prof s’appellerait selon des commentaires sur le midi libre “bénafous”, origine maghrébine. J’avais donc pas tort de dire que c’était une méthode de suicide “pas très catholiques”. » Est-il nécessaire de souligner le degré d’abjection où l’on peut ainsi parfois tomber ?